La décision, rendue publique aujourd’hui, par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) concernant l’examen qu’il a effectué de la politique sur la radio commerciale est une profonde déception et une occasion manquée d’aider à assurer la viabilité de la radio au Canada à l’avenir.

En tant que porte-parole national des radiodiffuseurs privés du Canada, l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) estime déconcertant de constater que cette décision si longuement attendue est bien ancrée dans les politiques du passé et tient à les valider tout en minimisant les défis à relever actuellement dans le marché du contenu audio commercial.

« Après un long processus d’une durée de plus de deux ans, nous trouvons consternant que le Conseil ait manqué cette occasion cruciale d’adopter une politique orientée vers l’avenir afin d’assurer la viabilité de la radio au Canada », a déclaré le président de l’ACR, Kevin Desjardins. « On nous présente plutôt de la réglementation qui a été formulée en regardant dans le rétroviseur et en s’appuyant sur des pierres de touche politiques du passé qui ne créent pas les conditions nécessaires pour le succès à l’avenir de la radio, un secteur qui est déjà en crise », a-t-il ajouté.

Le dernier examen de la politique sur la radio commerciale a eu lieu en 2006, avant l’existence de l’iPhone, Spotify, Apple Music, et d’autres services audio sur Internet. Il est inconcevable  que 16 ans plus tard le Conseil adopterait un cadre de politique qui maintient largement le statu quo, alors que la preuve démontre clairement que le secteur de la radio est gravement en déclin face aux changements énormes qui se sont produits dans l’écosystème audio.

À quelques petites exceptions près, la politique mise à jour sur la radio commerciale ne comprend aucun changement significatif pour les services de radio commerciale. En fait, elle déclenche des processus supplémentaires sur le plan des projets en matière de développement du contenu canadien (DCC) et de l’examen des exigences en matière de contenu canadien. De plus, le Conseil a choisi de remettre des aspects importants de la décision et d’en faire l’objet d’instances qui auront lieu plus tard, et ce sans fournir de calendrier.

La décision rendue aujourd’hui met plus fortement l’accent sur l’appui aux artistes canadiens. Bien que ce soit là un objectif louable, et signalons que la radio canadienne les aide à réussir par de nombreux moyens, notre capacité à continuer de le faire dépend de la bonne santé et de la viabilité du secteur de la radio. Selon les résultats obtenus par le CRTC lui-même, le secteur de la radio a éprouvé une baisse considérable de ses revenus pendant les six dernières années avec, en plus, une chute abrupte en raison de la COVID. De nombreuses stations sont déficitaires et les propriétaires des services de radio attendaient la décision du CRTC pour décider s’ils fermeraient leurs portes.

En bonne santé, le secteur de la radio appuie en soi les objectifs de la politique sur la radiodiffusion, comme il le fait d’ailleurs depuis des décennies. Il est donc malheureux de constater que les services de radio commerciale aient été pris en compte qu’après coup.

Les services canadiens de radio commerciale font partie intégrante des communautés à travers le pays. Mais, ils font face à des défis de taille, notamment la baisse des recettes publicitaires aggravée par la pandémie et le ralentissement de l’économie. Pendant les six dernières années, le total des revenus de la radio commerciale au Canada a baissé de plus d’un demi-milliard de dollars. Une grande part de cette somme est allée à des plateformes numériques étrangères de très grande taille. Selon une analyse effectuée par Communications Management Inc. (CMI), 188 stations de radio à travers le Canada sont en danger avec un bénéfice avant intérêts et impôts (BAII) de -20 pourcent ou plus. Plusieurs de ces stations attendaient que cette décision leur apporte un moyen de secours. Or, il ne s’est pas concrétisé.

À l’heure où le marché de l’écoute audio regorge de choix non réglementés, le Conseil doit changer de voie pour assurer la viabilité du secteur à l’avenir. Dans l’esprit de notre mémoire (disponible en anglais seulement) présenté dans le cadre de l’examen de la politique, des mesures supplémentaires auraient pu et dû être prises pour s’assurer que les services de radio commerciale puissent continuer à faire ce qu’ils font le mieux : informer, divertir et relier les Canadiens.